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06 Mar 2018

L'Opium du Peuple

Je viens de finir la dernière saison d’Outlander : deux journées entières devant mon ordinateur. Quel délice ! Que de moments forts ! Je me demande comment mon cœur a pu tenir le choc… Après Game of Thrones le week-end passé, où est ma nouvelle drogue ? À l’aide, Netflix ! Remplis le vide de ma vie !

Mais est-ce bien le vacuum de notre pauvre existence que nous essayons d’égayer avec ces mondes imaginaires ? Mille-et-une vies en quelques heures, en voilà une merveilleuse destinée ! Sans bobo, sans perte et avec émotions garanties ! À côté de ces aventures, il est certain que notre quotidien ne fait pas le poids. Qui peut rivaliser avec un Jaime Foster, un Jon Snow ou encore mieux un Rick Grimes !

Tout cela, c’est la faute aux hormones et à l’argent. Aux hormones, parce qu’elles faiblissent et emmènent avec elles toute passion. À l’argent, parce nous croyons tous en manquer : si nous avions quelques millions de côté, pour nos plaisirs nous voyagerions autour du monde, pour notre santé nous nous paierions l’un de ces entraîneurs des Stars et pour notre esprit nous nous offririons une séance privée avec le Dalaï-Lama.

Mais la plupart d’entre nous n’étant pas millionnaires, nous consommons la drogue des « pauvres » : les séries télévisées, ces nouveaux contes modernes. De toute façon, à lire la vie des Stars dans les tabloïds, l’argent ne semble pas non plus être la solution…

Avant pour s’envoler il y avait la religion. Toutefois, « Ses » voies étant décidément trop impénétrables, on s’en retourna vers les arts. S’en suivit la société de consommation avec son « toujours plus ». Maintenant, il y a Walking Dead et Breaking Bad. L’imaginaire, c’est tellement plus facile.

C’est quand même très inquiétant cette tendance que nous avons à vouloir nous droguer pour oublier une vie qui en fait rêver des millions d’autres. Comment leur expliquer que ce qu’ils croient être la félicité n’est qu’une illusion ? Comment être honnêtement et moralement crédibles, lorsque nous leur disons qu’une assiette pleine chaque jour ne fait pas le bonheur, si ce n’est qu’elle fasse vivre… Pourquoi ne leur laissons-nous pas notre place après tout, si nous sommes si blasés que cela ? Quel est donc ce bonheur réel dont rêvait Karl ?

En tout cas, il n’est ni dans la politique ni dans l’opium des supermarchés. Quant à la démocratie parasitée d’un populisme apparemment indestructible, elle risque trop souvent de se traduire par le despotisme d’une majorité intolérante. Ou effrayée. La géopolitique entrelacée, le cynisme et l’ignorance des puissants… même notre propre petit confort dégoûte et épuise ! Après Dieu, Marx et Smith ont échoué. Tout comme l’art moderne. Faute d’inspiration, la littérature quant à elle prime la retranscription d’un quotidien déprimant, la « réalité » des hommes et des femmes de notre temps comme ils disent... Reste la musique : pour quelques minutes. Pas étonnant qu’on veuille s’envoler.

Mais, où se cache ce super cerveau ? Qui va réussir à démêler cette méga prise de tête pour nous offrir une alternative bien réelle ? Derrière tous ces scénarios il y a bien de l’intelligence, non ? Arrêtez de nous droguer et donnez-nous enfin un monde véritable qui inspire!

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